Anaïs JARON : Portrait d’une double Championne de France Handisport … En route pour Rio !
Journée « magique » pour Anaïs qui réussit à devenir Championne de France Handisport Elite en salle au saut en longueur et au 400m.
Pourtant, le matin, elle ne se sentait pas en grande forme après une mauvaise nuit à l’hôtel et un torticolis récalcitrant.
Après une première série au 60m où elle s’approche à un dixième de son record, elle se reprend magnifiquement lors du concours en longueur.
Dès le saut d’échauffement, elle est agréablement surprise d’aller loin. Puis ce fut un récital de sauts mordus de peu (5 sur 6 !) où à chaque fois elle était au delà des 4 m (dont un à plus de 4,30). Elle assure alors un saut en reculant beaucoup et réalise 3,80m ce qui lui assure pour la deuxième année consécutive le titre de Championne de France !
Elle n’a alors pas le temps de récupérer pour faire la final du 60m ou elle se classe 5e, trop loin de son record pour monter sur le podium.
Puis elle enchaine par le 400m ou elle démontre sa détermination pour aller jusqu’au bout et remporter ainsi un nouveau doublé comme l’année dernière !
Beaucoup d’émotions pour cette journée un peu folle avec la joie de retrouver une grande partie de ces camarades de l’équipe de France et des autres athlètes.
La Renaissance d’Anaïs Jaron
«Je veux recourir un jour », avait-elle lancé à son réveil. Victime d’un grave accident de la route le 29 juin 2003 qui l’a laissée deux mois dans le coma, Anaïs Jaron (qui fêtera ses 24 ans dans un mois) s’est relevée.
La sociétaire du Lisses AC ne s’est pas juste contentée de recourir, ce qui est déjà un exploit. A force de volonté, de courage et de sport, elle se retrouve en Nouvelle-Zélande, qualifiée (sur 100 m et au saut en longueur) pour les Championnats du monde handisport d’athlétisme, qui débutent aujourd’hui à Christchurch. Au pays des All Blacks, Anaïs Jaron voit au contraire la vie tout en rose, poussée par « l’envie de réussir, d’être comme les autres ».
A son réveil du coma, traumatisme crânien, hémopneumothorax et multiples fractures à la clé, elle souffre aussi d’une hémiparésie qui se traduit aujourd’hui par des pertes de mémoire, des difficultés de compréhension, des tremblements — « surtout quand je suis stressée », dit-elle —, un ralentissement de la partie droite de son corps et une hypersensibilité. « Mais ça va beaucoup mieux », reconnaît celle qui a dû réapprendre tous les gestes de la vie quotidienne au CMPA (centre médical pour adolescents) de Neufmoutiers-en-Brie (Seine-et-Marne), où les jeunes accidentés peuvent, conjointement à leur rééducation, suivre une scolarité adaptée.
Trois ans plus tard, elle en sort avec un certificat de formation générale, puis suit un stage qui lui permet de trouver un emploi : « Ça fait cinq ans que je suis conseillère de vente aux Galeries Lafayette d’Evry, indique-t-elle. J’ai pris une disponibilité de six mois pour préparer les Championnats du monde. »
Des débuts difficiles
C’est aussi à cette période qu’elle découvre le handisport. Malgré de nombreuses chutes dans un premier temps, cela lui réussit. En 2007, dès sa première année de compétition, elle bat les records de France de sa catégorie (T 38, hémiplégie légère) sur 100 et 200 m. Avant de décrocher en 2009 deux titres de championne de France espoirs indoor sur 200 m et à la longueur. L’été dernier, vice-championne de France Elite de la longueur, juste derrière la vice-championne paralympique, elle se qualifie pour les Mondiaux. Elle n’en revient pas du chemin parcouru. « La vie en rééducation était très difficile », se remémore-t-elle. « On ressent beaucoup d’émotions quand on voit son parcours, enchaînent ses parents Myriam et Philippe. »
En Nouvelle-Zélande, Anaïs Jaron, qui courra mardi les séries du 100 m, vise surtout le podium à la longueur (son record est de 3,90 m) jeudi. Avant de se tourner vers les Jeux paralympiques de Londres en 2012. L’objectif ultime de cette fan de Christine Arron, qui adore « les loisirs créatifs, faire les boutiques, dresser [son] chien et passer du temps avec [son] ami ». Une vie normale en somme.